Le désordre dans l'habitat "vernaculaire" est certainement un "ordre caché": il faut le retrouver...
"Un observateur occidental ne pouvait en effet qu'être fasciné par la ville japonaise contemporaine, économiquement particulièrement performante dans le monde moderne, et pourtant apparemment complètement désordonnée, chaotique, à l'opposé des canons urbanistiques de la modernité. Certains Japonais se sont prêtés à cette vision occidentale, en reprenant le discours sur le chaos urbain et ses performances.
Ainsi l'architecte Kazuo Shinohara n'a pas hésité à affirmer qu'il n'existait au Japon aucune possibilité de rassembler les différents ordres qui gèrent la ville et que la haute technologie allait de pair avec l'anarchie progressive. Cette valorisation esthétique du chaos s'est par la suite doublée d'une valorisation fonctionnelle, le désordre, ou plutôt l'ordre spontané, étant présenté comme plus performant que l'ordre planificateur et urbanistique. Ces approches ont utilisé abondamment les notions de fluctuations, d'auto-organisation, de chaos, de fractales,...,mais l’usage métaphorique qui en a été fait n'a pas grand-chose à voir avec les thèses de Prigogine, Lorentz, Mandelbrot ou Ruellen ; elles ont cependant renouvelé les images utilisées classiquement par les libéraux : notamment la main invisible d'Adam Smith, qui fait correspondre les productions et les consommations, ou la ruche de Mandeville, dans laquelle le bien commun résulte de l'égoïsme de chaque abeille.
Y. Ashihara, qui a aussi développé la thèse du chaos urbain,a bien montré que ce chaos était en fait un « ordre caché », en particulier au regard des architectes et des urbanistes occidentaux. Le sentiment de désordre qu'éprouvent ceux-ci devant la ville japonaise, viendrait en effet d'abord d'une différence radicale dans la conception des espaces : en Occident, la conception de l'espace, des maisons comme des villes, se fait par soustraction suivant un mouvement centripète : on commence par concevoir les contours extérieurs d'un ensemble,et on le traite ensuite partie par partie. La démarcation entre un bâtiment et son voisin, ou entre la ville et la campagne, est par tradition, parfaitement claire. Au Japon, on procède de façon inverse : il existe une conception qui ordonne l'espace à partir de l'intérieur, dans un mouvement centrifuge, c'est-à-dire par addition.
L'architecture et la ville se constituent par parties. La prolifération de ces parties dessine, d'une manière divergente,la forme générale. Cette forme, qui est instable et mal définie,se renouvelle très vite. Mais ce renouvellement n'est pas hasardeux ; il est selon Ashihara « chaotique au sens physique du terme ». Chaque élément de la structure totale tolère une certaine souplesse pour répondre aux changements de l'environnement Tokyo est en perpétuelle restructuration de ses parties et passe donc très librement d'une forme à l'autre.
Chaque édifice participe à la totalité de la ville, mais cette totalité appartient à un ordre supérieur. Tokyo est un corps organique disponible,ouvert aux métamorphoses et aux développements, allant jusqu'à omettre les éléments inutiles.
Ce texte est tiré de "METAPOLIS" de F.ASCHER.Ed O.JAcob.1995. Paris.346 p.(en p.206).
Il est question d'"anarchie" et de "chaos", jugements souvent mis en avant par des critiques occidentaux...C'est un "ordre caché", un profonde dimension insérée la pratique nipponne accompagnant toute pensée, toute réfléxion. Il faut reconnaitre à l'auteur du texte (F.Ascher) une lucidité et une modestie, qualités rares chez les auteurs occidentaux, souvent faisant défaut quand ils s'agit d'évaluer des productions non européennes. (Et pourtant Cl.Levi-strauss les en a tellement avertit).
Voila que les architectes japonais prennent les devants et expliquent en termes clairs et simples que leur "microcosme" se construit de l'intérieur...Une forme d'additionnement s'étalant sur l'espace, accompagnant le "mouvement" du temps, des idées et des techniques...
C'est un "ordre" positif, s'inscrivant dans un ordre social, usant d'un ordre '"technique" ...C'est une anarchie dans le sens "institutionel" occidental.....
Ca me rappelle l'habitat vernaculaire...un ordre caché ou l'odre social, la technique, l'économie, l'écologie sont insérés dans un système unique construit sur la base d'expériences millénaires, dont l'objectif est de préserver un EQUILIBRE SOCIAL, MENTAL et ENVIRONNEMENTAL...
A mon sens, au Maghreb, il nous faut réfléchir (comme l'a fait Y.Ashihara au Japon) sur l'ordre caché des architectures vernaculaires...IL Y A UN ORDRE CACHE...Il faut le retrouver...Le Salut se trouve surement de côté-là.
Ainsi l'architecte Kazuo Shinohara n'a pas hésité à affirmer qu'il n'existait au Japon aucune possibilité de rassembler les différents ordres qui gèrent la ville et que la haute technologie allait de pair avec l'anarchie progressive. Cette valorisation esthétique du chaos s'est par la suite doublée d'une valorisation fonctionnelle, le désordre, ou plutôt l'ordre spontané, étant présenté comme plus performant que l'ordre planificateur et urbanistique. Ces approches ont utilisé abondamment les notions de fluctuations, d'auto-organisation, de chaos, de fractales,...,mais l’usage métaphorique qui en a été fait n'a pas grand-chose à voir avec les thèses de Prigogine, Lorentz, Mandelbrot ou Ruellen ; elles ont cependant renouvelé les images utilisées classiquement par les libéraux : notamment la main invisible d'Adam Smith, qui fait correspondre les productions et les consommations, ou la ruche de Mandeville, dans laquelle le bien commun résulte de l'égoïsme de chaque abeille.
Y. Ashihara, qui a aussi développé la thèse du chaos urbain,a bien montré que ce chaos était en fait un « ordre caché », en particulier au regard des architectes et des urbanistes occidentaux. Le sentiment de désordre qu'éprouvent ceux-ci devant la ville japonaise, viendrait en effet d'abord d'une différence radicale dans la conception des espaces : en Occident, la conception de l'espace, des maisons comme des villes, se fait par soustraction suivant un mouvement centripète : on commence par concevoir les contours extérieurs d'un ensemble,et on le traite ensuite partie par partie. La démarcation entre un bâtiment et son voisin, ou entre la ville et la campagne, est par tradition, parfaitement claire. Au Japon, on procède de façon inverse : il existe une conception qui ordonne l'espace à partir de l'intérieur, dans un mouvement centrifuge, c'est-à-dire par addition.
L'architecture et la ville se constituent par parties. La prolifération de ces parties dessine, d'une manière divergente,la forme générale. Cette forme, qui est instable et mal définie,se renouvelle très vite. Mais ce renouvellement n'est pas hasardeux ; il est selon Ashihara « chaotique au sens physique du terme ». Chaque élément de la structure totale tolère une certaine souplesse pour répondre aux changements de l'environnement Tokyo est en perpétuelle restructuration de ses parties et passe donc très librement d'une forme à l'autre.
Chaque édifice participe à la totalité de la ville, mais cette totalité appartient à un ordre supérieur. Tokyo est un corps organique disponible,ouvert aux métamorphoses et aux développements, allant jusqu'à omettre les éléments inutiles.
Ce texte est tiré de "METAPOLIS" de F.ASCHER.Ed O.JAcob.1995. Paris.346 p.(en p.206).
Il est question d'"anarchie" et de "chaos", jugements souvent mis en avant par des critiques occidentaux...C'est un "ordre caché", un profonde dimension insérée la pratique nipponne accompagnant toute pensée, toute réfléxion. Il faut reconnaitre à l'auteur du texte (F.Ascher) une lucidité et une modestie, qualités rares chez les auteurs occidentaux, souvent faisant défaut quand ils s'agit d'évaluer des productions non européennes. (Et pourtant Cl.Levi-strauss les en a tellement avertit).
Voila que les architectes japonais prennent les devants et expliquent en termes clairs et simples que leur "microcosme" se construit de l'intérieur...Une forme d'additionnement s'étalant sur l'espace, accompagnant le "mouvement" du temps, des idées et des techniques...
C'est un "ordre" positif, s'inscrivant dans un ordre social, usant d'un ordre '"technique" ...C'est une anarchie dans le sens "institutionel" occidental.....
Ca me rappelle l'habitat vernaculaire...un ordre caché ou l'odre social, la technique, l'économie, l'écologie sont insérés dans un système unique construit sur la base d'expériences millénaires, dont l'objectif est de préserver un EQUILIBRE SOCIAL, MENTAL et ENVIRONNEMENTAL...
A mon sens, au Maghreb, il nous faut réfléchir (comme l'a fait Y.Ashihara au Japon) sur l'ordre caché des architectures vernaculaires...IL Y A UN ORDRE CACHE...Il faut le retrouver...Le Salut se trouve surement de côté-là.