PROJET URBAIN: la face cachée du processus?
"Alors j'ai constaté qu'on a voulu, en quelque sorte, que ce concept "le projet urbain" soit difficile et ambigu et on a justifié ceci par l'état d'incertitude et d'ouverture qui a gagné notre discipline et l'esprit scientifique en général. Ainsi, j'ai essayé de voir quelle est la rationalité dans le projet urbain ? Est ce qu'elle existe? Qu'est ce qui est vraiment accessible dans le projet urbain ?"
Questionnement légitime et perspicace d'un jeune chercheur.
J'avoue que c'est la zone la plus complexe dans cette notion plurivoque qu'est le "projet urbain". D'autant que même les méthodes pédagogiques sont souvent insuffisantes pour aider à apporter un éclairage probant. N'empêche que ce questionnement appelle au débat plus qu'à des réponses spontanées.
Il faut dire qu'effectivement que cette absence de rationalité procède de la nature de la théorie et de la pratique du projet urbain. Nous sommes dans un processus, c'est-à-dire dans une association d'idées (se voulant pratiques) à une temporalité nécéssaire. Et la réussite d'un processus doit davantage à des capacités de gestion des "forces" et du temps . N'oublions pas que ces forces sont multiples (du moins actives, passives ou réactives). Autant dire que cette puissance gestionnaire doit être autoritaire ou légitime, experte et motivée (esprit d'intiative) . Ces conditions annoncent un mode de "gouvernance", comme esprit ambitionnant un ordre positif en "construisant" des atouts majeurs pour affronter et gagner des enjeux majeurs.
"L'art de gouverner": l'expression est simple mais réelle, elle cache le déplaisir à subir pour arriver aux compromis ou pour "guider" l'orchestre à jouer une partition en toute harmonie. Ici, nous comprenons que la rationalité seule, est insuffisante pour assurer des aboutissements heureux.
Nous comprenons également que ce "chef d'orchestre" est contraint de faire appel à des virtuoses ....non seulement pour jouer sur des instruments... mais pour "écrire" une musique dans laquelle chaque auditeur et même les sourds se reconnaitront. Et là, il est difficile de satisfaire tout le monde..... Mais c'est cet enjeu qu'il faut gagner....
La rationalité ne sera utile que dans l'identification ou dans l'élaboration des atouts pour déclencher un élan ou une initiative capable de "produire" ou de faire "exploser" des energies enfouies ou d'infléchir un tendance non désirée.
L'espace public peut révéler certains atouts pour peu que ses qualités soient rendues plus fonctionnelles. Il a été toujours un "objet" dont les enjeux sont multiples: sociaux, politiques, culturels et économiques.
Dans sa pratique quotidienne, il peut réveler certaines "ressources" cachées, inexplorées ou omises. Ces ressources ne peuvent-elles pas être "fonctionnarisées" pour instaurer des situations déclenchantes?
Mais d'un autre coté, identifier ces "ressources" ne suffit pas, pour les "fonctionnariser", il faut réussir à apporter les adhésions nécessaires. Ces dernières ne sont pas uniquement d'ordre "populaires", mais elles sont politiques, financières, techniques, sociales, culturelles....
C'est vrai que la crise créée par le "fonctionalisme" à bien marqué l'histoire de l'urbanisme: des villes sont encore en train d'effacer les stigmates d'une telle doctrine. L'immixtion des disciplines les unes dans les autres est une réaction à "l'impérialisme" qui avait imposé un cloisonnement regressif.
En tout cas, avec l'émergence des NTIC, il y a une caste d'"encyclopédistes" qui refait surface. En tout cas Ascher modestement se disait " eclectique"....
L'Urbanisme ne fait que "rappeler" que c'est une discipline "eclectique"...pour ne pas dire encyclopédique.