DE LA VILLE A L’URBAIN: Avatar de l’humanité ? (1)

Publié le par bouchareb

Communication donnée dans le cadre d'un Séminaire de la PG Urbanisme 2001/2002

 

DE LA VILLE A L’URBAIN

Avatar de l’humanité ?

 

 

RESUME : Les transformations, les mutations ou les métamorphoses sont les phénomènes qui apparaissent et qui concernent les villes selon les niveaux de développement territoires ou elles se localisent. Cependant un discours se généralise et faisant état de la mort de la ville ou de sa transmutation (en usage par euphémisme).

Bref, l’urbain émergeant est définit comme une situation qui échappe complètement aux méthodes en usage .Celles-ci demeurent en deçà de la prégnance du phénomène et de son impact.

Qu’est ce que l’urbain aujourd’hui? Quelles sont ses propriétés de base ?

 

INTRODUCTION

 

Il y va de soi que l’on oriente le thème de ce travail sur les  innovations qui affectent la ville, au niveau aussi bien des  pratiques, de ses formes et de sa symbolique.


Bien sur toute cette « tragédie » a pour origine une seule source ; les nouvelles doctrines économiques ou « economisantes » véhiculées dans les sillons réels ou prétendus de la mondialisation.

 

A cet effet, la structure de cette intervention est fortement imprégnée d’une position « corporatiste » , à savoir le profil que nous « traînons » et que nous assumons.

 

Il s’agit d’apporter des éléments de réponses à un questionnement sur la relation de la ville à l’urbain : mouvement synchronique ou diachronique ? évolution naturelle ou stratégie ?

 

Quelles sont ses formes ? ses principes ?  ses impacts sur l’humanité ?

 

Il s’agit également de réunir un maximum d’éléments pour construire un corpus permettant de faire le procès de l’urbain contemporain.

 

PETITE HISTOIRE DE LA VILLE

 

L’image de « l‘urbain » a été déjà envisagée non en tant qu’utopie mais comme  résultante incontournable d’un processus historique allant de la ville politique, passant  par la société industrielle et finissant par la formulation d’une société urbaine.

 

Et c’est justement dans la vision d’H.LEFEBVRE , que l’on peut vérifier ces « prophéties » à travers « la Révolution Urbaine » (1970).

 

H.LEFEBVRE  définit , au  bout de son axe  spatio-temporel , la zone critique.Cette zone est une « boite noire »; nous attendons qu’elle livre tous ses secrets.


A l’origine ou le « zéro initial » , la « pure nature », « des populations relevant de l’’ethnologie etl’anthropologie.» p.15, dont l’apport  principal était  l’institution des « topies fondamentales. » .


Ces dernières avaient constitué les « grilles » principales à la territorialisation, comme principe d’exploitation des espaces de vie des paysans, des nomades et des semi-nomades avant leur sédentarisation ( bâtisseurs de la « première civilisation »).


Cette élaboration avait conduit à la ville politique,  la « ville du citoyen » (RAGON.1985.) dans laquelle se regroupaient religieux, guerriers, commerçants , administrateurs et princes. Sa gestion ne pouvait se faire sans l’écriture, « ordre, ordonnance, pouvoir » p.17


En effet au-delà de la notification du droit de propriété, l’écriture doit être placée dans les « performances relationnelles », et symboliques  dont la portée est significative de l’établissement d’un ordre politique, social et même conceptuel (dans la mesure ou les cadastres établis avaient initié la planimétrie  des villes).


La ville marchande s’était imposée dans ce processus historique par l’ampleur et aussi la nécessité des échanges.  Cette introduction avait  contraint à la reformulation d’une nouvelle planimétrie des ville ;  ainsi l’agora, le forum étaient « supplantés » par les places de marché et les souks.

 

Force est de constater qu’à ce niveau, le commerce s’était érigé en « fonction urbaine »,  qui  « a fait surgir une forme (ou des formes : architecturales et/ou urbanistiques) . D’où une structure nouvelle de l’espace urbain ».p19-20.

 

Remarquons que jusque là, la question des modes relationnels se pose d’une manière « structurante » et déterminant les évolutions , bien sur tout en restant liée à des mouvements  idéologiques et matériels.

 

L’après- ville marchande était un  moment crucial dans l’avenir des villes : leur affirmation en entités puissantes.


 Cette affirmation se poursuit d’ailleurs dans beaucoup de points du globe terrestre, ou la ville devient un sujet sinon l’objet d’une thématique polarisante. La compagne n’est identifiée que par rapport à la présence d’une ville (ou moins ; bourgs, faubourg..), et déjà elle s’apparente à la rusticité en opposition à l’urbanité.

 

 L’hégémonie urbaine est appuyée par les sciences et les philosophies,  l’écriture et le pouvoir détenus par la ville.

 En bref  l’image de la ville, matérielle et figurée est déterminée.

 

La raison est appropriée par l’Etat ou le Seigneur,  le Rationalisme se vulgarise et imprègne toutes activités intellectuelles, la logique est érigée en science . En bref la ville est hissée à un statut transcendant  une fatalité civilisationnelle.


L’accumulation du capital , le développement  des sciences et techniques ont été les précurseurs de l’instauration de la ville industrielle.

 

L’industrie est apparue initialement sur des espaces présentant des potentialités d’exploitation avant de venir « taquiner » les villes antérieures, à la recherche des capitaux , des marchés et de la main d’œuvre. Elle a même inspiré des « villes nouvelles ».

 

Cette situation est  l’amorce de la « zone critique ».

 

En effet dans un mouvement temporel , la pensée dialectique connaît un regain important : «  la non- ville et l’anti- ville vont conquérir la ville, la pénétrer, la faire éclater, et de ce fait l’étendre démesurément, aboutir à l’urbanisation de la société, au tissu urbain recouvrant les restes de la ville antérieure à l’industrie ».p23

 

Dans cette suite, l’image de la ville s’effondre , « la totalité organique, l’appartenance, image exaltante, espace mesuré et dominé par les splendeurs monumentales » p 24. sont interférés par les codes ( institués et intériorisés) établis pour faire face aux situations marginales (criminalités, exclusion, ségrégation..)


La situation actuelle est  décrite par H.LEFEBVRE (1970) d’une manière précise.

L’implosion /explosion (en référence à une métaphore de la physique  nucléaire) a enclenché une dispersion immense, où les échanges « le marché, l’argent et le capital  semblent balayer les obstacles » p.25.

 

L’urbain actuellement est inscrit comme « induit » qui devient « inducteur ».


Résultat : « la problématique urbaine s’impose à l’échelle mondiale ».p25.

La « phase critique » est un questionnement fécond sur l’avenir de la ville.

A.BOUCHAREB

Janvier 2002

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