GENTRIFICATION ET PATRIMOINE
Chez nous la gentrification est une notion pas encore enfourchée. Est-ce que nous sommes devenus peu attentifs à ce qui se déroule à travers le monde en matière de politique urbaine?
Et pourtant la gentrification des centres des villes (en tout cas à Constantine est une réalité), est bien entamée. Il suffit de regarder ces boutiques à l'entrée de la rue 19 juin. Les "anciens " (pas spécialement les vieux) vous énumererons les boutiques et leurs spécialités avant que la bazardisation ne s'installe comme résultat du fameux glissement idéologique des années 80.
Meubles, bijoux , livres , cafés sont devenus des produits "non solvables". L'achalandage qui caractérise les boutiques aujourd'hui est tel qu'il apportera beaucoup d'eau au moulin des économistes. Les "produits" cedés à 350 DA pièce ont de quoi attirer une clientèle en manque et qui à l'habitude des brouhahas des souks.
les bien-pensants mettront en avant la générosité des commerçants qui sillonnent les pays d'Asie pour permettre à la plèbe constantinoise de s'habiller aux moindres couts.
Et voilà, l'idéologie refait surface.......(Tiens, nous avons remarqué que les gérants, en tout cas les préposés aux caisses de ces boutiques portent presque tous la barbe....je n'ai rien contre, même les hirsutes ). C'est un indice poilant, un signe quand-même. La clientèle majoritairement féminine, vous l'avez deviné est voilée (pas à la constantinoise, je n'ai rien contre, même les niqabisées ). Un autre indice dévoilant...
L'avantage dans cette "colonisation" des commerces par une nouvelle génération se decline dans l'apparence donnée aux locaux...Matériaux de luxe (marbre et granite), air conditionné et aluminium laqué....le tout miroitant des lumières dans toutes les couleurs.
C'est dire que les nouveaux occupants n'ont pas besoin d'agiter la bourse pour prouver que le contenu est sonnant....Cependant, dans cette envolée architecturalement lyrique, c'est le patrimoine de la ville et sa mémoire qui prennent un coup... Un gros coup . En effet le design présent semble consacrer à une nouvelle urbanité.
Cette dernière s'affiche surtout dans les modes de consommation....Finies l'urbanité intello, celle qui s'appuie sur les vetures traditionnelles, dans les manières affectées, dans les figures stylistiques, surtout dans le vocabulaire (ZEIT ou lieu de ZIT, pour l'huile, 3AL KEIF, pour dire "impeccable"...), celle qui sait fredonner quelques vers de malouf appris avec la première tétée....
Cependant, en tant que modeste témoin des vicissitudes de la ville doublé d'un modeste penchant envers les questions urbanistiques, nous sommes en droit de se demander comment les gestionnaires de la ville arrivent à laisser passer quelques aubaines?
En effet, ailleurs, les élus enfourchent ces opportunités (ils les incitent même) pour sauvegarder leur patrimoine urbain sans bourse délier....Et cela s'appelle la GENTRIFICATION.
Il y a des gens, aisés (l'origine de leur fortune, nous nous en moquons pour l'instant), prèts à débourser des sous pour leur locaux ....Il y a d'autres prêts à réoccuper ces immeubles et ces maisons délabrés, pourquoi pas? Ils sont également prêts à assurer leur confortement des batisses et leur mise aux normes....Très bien.....
Les autorités locales et le mouvement associatif (patrimoine) doivent se mobliser et veiller à la patrimonialisation du cadre, c'est-à-dire à préserver la charge hautement symbolique et patrimoniale du centre-ville. Il suffit d'élaborer un cahier de charge dont le fond philosophique, urbanistique, architectural et artistique mettra des marges à ne pas dépasser pour toutes les opérations qui s'effectueront sur les lieux.(à Tunis, la medina, ça se joue ainsi, toute opération est sujette à un contrôle rigoureux).
Ainsi, quand le centre est occupé par une couche aisée, l'avantage à tirer reside dans la capacité de prise en charge et de l'entretien du bâti...Nous avions l'expérience de ces habitants démunis qui occupaient des maisons de la souika...Ils accéleraient le processus de destruction de leurs habitations dans le but d'être logés en urgence dans les "cage à poules". Dans cette démolition, beaucoup de jalons ont disparus à jamais....
Je n'ai nullement l'intention de me moquer d'autrui, mais puisque les gérants de ces commerces bien clinquants portent la barbe, j'ai envi d'emprunter une locution ( et je m'en excuse) à ces personnes prétentieuses et "hyper intelligentes" qui sont là pour tromper tout le monde (ils sont nés pour accomplir cette performance): "de sa barbe, fais lui des tresses". (ma traduction de : Men Lahytou adforlou chkal).
Et pourtant la gentrification des centres des villes (en tout cas à Constantine est une réalité), est bien entamée. Il suffit de regarder ces boutiques à l'entrée de la rue 19 juin. Les "anciens " (pas spécialement les vieux) vous énumererons les boutiques et leurs spécialités avant que la bazardisation ne s'installe comme résultat du fameux glissement idéologique des années 80.
Meubles, bijoux , livres , cafés sont devenus des produits "non solvables". L'achalandage qui caractérise les boutiques aujourd'hui est tel qu'il apportera beaucoup d'eau au moulin des économistes. Les "produits" cedés à 350 DA pièce ont de quoi attirer une clientèle en manque et qui à l'habitude des brouhahas des souks.
les bien-pensants mettront en avant la générosité des commerçants qui sillonnent les pays d'Asie pour permettre à la plèbe constantinoise de s'habiller aux moindres couts.
Et voilà, l'idéologie refait surface.......(Tiens, nous avons remarqué que les gérants, en tout cas les préposés aux caisses de ces boutiques portent presque tous la barbe....je n'ai rien contre, même les hirsutes ). C'est un indice poilant, un signe quand-même. La clientèle majoritairement féminine, vous l'avez deviné est voilée (pas à la constantinoise, je n'ai rien contre, même les niqabisées ). Un autre indice dévoilant...
L'avantage dans cette "colonisation" des commerces par une nouvelle génération se decline dans l'apparence donnée aux locaux...Matériaux de luxe (marbre et granite), air conditionné et aluminium laqué....le tout miroitant des lumières dans toutes les couleurs.
C'est dire que les nouveaux occupants n'ont pas besoin d'agiter la bourse pour prouver que le contenu est sonnant....Cependant, dans cette envolée architecturalement lyrique, c'est le patrimoine de la ville et sa mémoire qui prennent un coup... Un gros coup . En effet le design présent semble consacrer à une nouvelle urbanité.
Cette dernière s'affiche surtout dans les modes de consommation....Finies l'urbanité intello, celle qui s'appuie sur les vetures traditionnelles, dans les manières affectées, dans les figures stylistiques, surtout dans le vocabulaire (ZEIT ou lieu de ZIT, pour l'huile, 3AL KEIF, pour dire "impeccable"...), celle qui sait fredonner quelques vers de malouf appris avec la première tétée....
Cependant, en tant que modeste témoin des vicissitudes de la ville doublé d'un modeste penchant envers les questions urbanistiques, nous sommes en droit de se demander comment les gestionnaires de la ville arrivent à laisser passer quelques aubaines?
En effet, ailleurs, les élus enfourchent ces opportunités (ils les incitent même) pour sauvegarder leur patrimoine urbain sans bourse délier....Et cela s'appelle la GENTRIFICATION.
Il y a des gens, aisés (l'origine de leur fortune, nous nous en moquons pour l'instant), prèts à débourser des sous pour leur locaux ....Il y a d'autres prêts à réoccuper ces immeubles et ces maisons délabrés, pourquoi pas? Ils sont également prêts à assurer leur confortement des batisses et leur mise aux normes....Très bien.....
Les autorités locales et le mouvement associatif (patrimoine) doivent se mobliser et veiller à la patrimonialisation du cadre, c'est-à-dire à préserver la charge hautement symbolique et patrimoniale du centre-ville. Il suffit d'élaborer un cahier de charge dont le fond philosophique, urbanistique, architectural et artistique mettra des marges à ne pas dépasser pour toutes les opérations qui s'effectueront sur les lieux.(à Tunis, la medina, ça se joue ainsi, toute opération est sujette à un contrôle rigoureux).
Ainsi, quand le centre est occupé par une couche aisée, l'avantage à tirer reside dans la capacité de prise en charge et de l'entretien du bâti...Nous avions l'expérience de ces habitants démunis qui occupaient des maisons de la souika...Ils accéleraient le processus de destruction de leurs habitations dans le but d'être logés en urgence dans les "cage à poules". Dans cette démolition, beaucoup de jalons ont disparus à jamais....
Je n'ai nullement l'intention de me moquer d'autrui, mais puisque les gérants de ces commerces bien clinquants portent la barbe, j'ai envi d'emprunter une locution ( et je m'en excuse) à ces personnes prétentieuses et "hyper intelligentes" qui sont là pour tromper tout le monde (ils sont nés pour accomplir cette performance): "de sa barbe, fais lui des tresses". (ma traduction de : Men Lahytou adforlou chkal).