Même les villes se cachent pour mourir....
Elles se cachent pour mourir.....Par pudeur? par dépit? par la faute des hommes?
Ce n'est pas une histoire ni un conte qui commence par la formule narrative consacrée: "il était une fois une ville....". Mais au train où vont les choses çà ne saura tarder....
Constantine, sa vieille-ville particulièrement, meurt dans un silence dramatique...Et ce n'est pas ces liftings que l'on offre en spectacle qui peuvent faire oublier que des pans entiers sont déjà en ruines. Que dis-je? Les ruines offrent souvent un spectacle affectif, évocatif, des émotions...
Une belle architecture offre de belles ruines...
Là dans les recoins, dans les entrailles intimes de la vieille ville, le spectacle est synonyme de désolation, d'irrespect et de honte.
Qu'est ce qu'il faudra faire pour éviter d'être verbalement impudique?
Il y a de l'imposture dans l'air. D'un côté, on élève de hautes "palissades" pour RECONSTRUIRE tranquillement ce que l'on a jamais PU CONSERVER HONORABLEMENT.....(tiens çà me rappelle cette réplique de la mère du dernier souverain andalou : pleure comme une femme ce que tu n'as pu conserver comme un homme.). De l'autre, on laisse mourir "froidement", pire, on EUTHANASIE, histoire de gagner quelques jours....
Il y a de l'imposture, parce que on attache beaucoup plus d'importance à ces parties visibles de la ville....On fait du "façadisme", c'est-à-dire, le pourtour est refait pour offrir des vues volontairement "vieillies", pourvu que le public (les touristes) y verront une scénographie médiévale....Une belle vitrine pour vendre "la ville" aux chasseurs d'images exotiques....aux néo-orientalistes cherchant une shéhérazade....et quelques tours sur le tapis volant. (ça donnera surement de la matière à l'ufologie, imaginez, TVNI, Tapis volant non identifié....).
Je crois qu'il n'y a plus assez d'arguments pour les uns de se targuer du titre de "architecte-restaurateur" ni pour les autres de "mouvement associatif"....tout se joue sur un terrain ou tout est acquis au maitre du moment...
En attendant; on laisse mourir, on "euthanasie", on verse une larme, on obtempère, on cogite....on reconstruit....on ne conserve pas.
A.BOUCHAREB