Bazardisation, nouvelle tendance

Publié le par bouchareb

Au moment où politiques et spécialistes de l’urbanisme tentent de rattraper le temps et multiplient les débats autour des formes sauvages de l’architecture et l’urbanisme, le commerce de bazar continue à occuper les espaces et à adapter le tissu urbain à ses intérêts étriqués.



Durant les deux dernières années, la généralisation de ces formes a démenti tous les discours à Constantine. L’Onama, le boulevard de l’Est, El Menia et depuis peu l’entrée de la nouvelle ville Ali Mendjeli ont fleuri en un rien de temps alors que les autorités préparent encore leur stratégie baptisée Constantine la blanche et autres plans tirés sur la comète pour redorer le blason de la capitale de l’Est. Les quatre sites cités plus haut, -la liste n’est pas exhaustive-, sont nés en toute légalité. Tout le monde sait, pourtant, qu’ils défient le bon sens et ajoutent à la mutilation du visage de la ville. Les commerces longeant la route au lieu appelé l’Onama sont copiés sur le modèle du marché Dubaï d’El Eulma, véritable icône de l’économie informelle en Algérie. Pour les architectes, il s’agit d’une aberration à proscrire du paysage local et national. Hélas, l’argent est plus fort que les idées chez nous, et la réalité fait place à l’émulation puisque le modèle est en train d’être copié et multiplié. C’est le cas sur le boulevard de l’Est, près de Oued El Had où plusieurs commerces du même type sont nés sous les galeries de nouvelles constructions. Le cas le plus affligeant, cependant, reste celui de l’entrée principale de la nouvelle ville. Comme si le gâchis souligné par ailleurs par la dominance de l’habitat collectif social n’avait pas suffi pour soustraire les caractéristiques d’une vraie cité à cet ensemble, les autorités ont livré, en outre, la formation de l’entrée à l’autoconstruction qui, comme nous le savons tous, a l’imagination occupée par un seul modèle : celui des blockhaus à plusieurs étages avec des garages au rez-de-chaussée destinés à abriter des magasins de babioles chinoises. Les critiques émanant des architectes au lendemain du séisme de Boumerdès n’ont aucun écho sur le terrain. APC, DUC et services du registre de commerce se rejettent la responsabilité et annihilent toute volonté de stopper « le crime » en l’absence d’une vision globale et coordonnée. Souvent l’apathie se transforme en complaisance que les barons du bazar achètent gracieusement et le résultat ne peut que se traduire sur la qualité urbanistique et architecturale du bâti que devraient subir, malheureusement, plusieurs générations. Au nom de quel droit et surtout pour quel intérêt les responsables ont-ils signé les autorisations pour ces constructions ? Cela fait un véritable mystère. Décidemment, les voies du génie sont impénétrables.



Par Nouri Nesrouche


In EL WATAN(Quotidien algérien) du 23.01.2007

Publié dans CONSTANTINE

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